Patrick Edlinger : l’Adieu au Roi

EdlingerComme beaucoup de médias en ont parlé, y compris les journaux télévisés de samedi soir, vous savez très certainement que Patrick Edlinger est décédé vendredi.

Cette disparition m’attriste. D’abord parce qu’il a bercé une partie de ma jeunesse, ensuite à cause de son âge : à 52 ans, on peut faire encore beaucoup de bien.

Les amoureux de la montagne, dont je fais partie, se souviennent de la naissance de l’escalade comme sport à part entière. Alors que l’escalade était vue comme une technique à maitriser pour gravir des sommets, Edlinger et sa génération en font un sport en soi. Presque une philosophie, même. Le tout associé à une certaine prise de risque, qui laissait le béotien pantois, bouche bée, devant cet homme qui sortait certaines voies du Verdon sans assurance.

La Fédération Française de la Montagne (FFM) est devenue à cette époque la Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade. (FFME). On a vu apparaitre des “compétitions d’escalade”, et les anciens trouvaient cela assez bizarre.

Comment un tel sportif peut-il mourir à 52 ans ? Depuis l’annonce de son décès, personne n’a pu nous en donner la cause.

Au cours d’une interview dans un film consacré à son ami Patrick Berhault, décédé au cours d’une ascension, j’avais été frappé par sa tristesse et son amertume. Edlinger disait, en substance : “Patrick [Berhault] est parti, il est peut-être heureux là où il est, mais il nous a laissé ici, et on est là, comme des c.., à ne plus savoir quoi faire”

Gilles Chappaz, qui réalisait un film sur Patrick, déclare dans le Dauphiné Libéré qu’il était en pleine dépression.

On ne peut rien avancer, mais si l’on apprenait qu’il s’est suicidé, je n’en serais pas surpris.

Je ne peux me résoudre à accepter un suicide, surtout de la part de quelqu’un qui a un tel potentiel, capable de faire du bien à la jeunesse, de transmettre un idéal. L’effort du sportif pour parvenir au succès demande vertus, abnégation, renoncement, don de soi… qualités qu’il conviendrait de transmettre aux plus jeunes. Les idoles de ce monde peuvent avoir un sens.

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