Je suis passionné, amoureux du rugby depuis tout petit. A défaut d’y avoir joué moi-même (scouts obligent, en même temps…), ma joie de regarder et de commenter ce sport n’a jamais faibli. Supporter du Stade Toulousain, ébloui devant le beau jeux, fier des valeurs du rugby (solidarité, sens de l’effort, sens de l’équipe…), j’utilise le “on” lorsque l’on a perdu : on a perdu, on a mal joué, on va mieux faire la prochaine fois. J’ai eu des déceptions avec Toulouse, mais jamais de rupture.
Avec l’équipe de France, le divorce est en train d’être consommé. Et ce que la presse étrangère rapporte après cette farce de demi-finale contre les Gallois ne fait que conforter mon opinion. Bien plus : j’ai honte. Comment le hasard, le tirage au sort, a-t-il fait que l’on vole à de brillantes équipes une place qui leur revenait ?
“Il vaut mieux être en finale en jouant comme on a joué que de perdre avec panache”, ai-je lu ou entendu. Je n’en suis pas sûr. Le rugby est une école de vie, et dans la vie, je ne suis pas convaincu que l’essentiel soit de gagner.
Au fond quel est le problème ? Les joueurs ont-ils démérité ? Il y a-t-il eu triche ? Non, je ne pense pas. Mais que recherche-t-on lorsque l’on regarde un match de rugby ? En ce qui me concerne, au fond, on recherche surtout la beauté. Une beauté un peu particulière, créée par un jeu de mouvement, de vitesse, d’attaques construites, de soutien apporté par ses camarades, de gestes techniques, de joueur qui réussi à s’infiltrer dans les lignes arrières. Une équipe capable de s’adapter au jeu de l’adversaire. Le rugby est un sport de mouvement, conséquence d’un véritable engagement.
Y’en a mare des ballons qui tombent, des passes mal ajustées, du jeu fébrile, du soutient qui n’est pas là, des joueurs statiques… Pourquoi n’arrive-t-on pas à créer ce mouvement qui rend ce sport si beau ?
Alors vous comprendrez pourquoi je pense qu’il y a eu hold-up. Et si vous ne comprenez pas, regardez cette vidéo, résumé du match Nouvelle-Zélande Australie du dernier Tri nations.
Messieurs les All Blacks, n’hésitez-pas : donnez-nous encore une leçon de rugby. A la longue, on finira peut-être par apprendre.